Kitco

mercredi 1 avril 2009

Oro Mécanica

Le prestige à l'intérieur des locaux contraste profondément avec le paysage presque miséreux que l'on traverse avant d'arriver à l'usine. Devant l'entrée, la caméra qui balaye l'espace et les gros bolides stationnés devant la porte, annoncent la couleur. 4x4 de luxe, Mercedes, BMW, Audi et autres berlines haut de gamme donnent une idée sur les visiteurs. Au premier étage, les locaux baignent dans un parfum d'encens à la marocaine. La fraîcheur des lieux coupe court avec la chaleur et la poussière du monde extérieur.

Nous sommes dans le show room de l'usine Oro Mécanica, unité spécialisée en orfèvrerie et joaillerie, située à Sidi Maârouf dans la périphérie casablancaise. Les clients, apparemment tous des habitués, sont accueillis avec de grands sourires. Ceux qui doivent patienter un peu avant d'être servis, se voient offrir des rafraîchissements et du café.
Malgré que ce ne soit qu'une après-midi de milieu de semaine, les clients ne manquent pas. Les locaux sont pleins et les vendeuses, belles et à l'apparence très soignée, ne savent plus où donner de la tête. Toutefois, elles n'abandonnent en aucun moment leur large sourire. Normale, la clientèle est très selecte et un très bon accueil reste de rigueur.

«Ce sont en moyenne quelque 900 clients qui nous visitent chaque jours. Les week-end sont encore plus mouvementés», indique une personne qui s'occupe de l'accueil. La cinquantaine bien entamée, corpulent, brun, les gestes lents, le regard vif et posé à la fois et l'assurance d'un connaisseur tranquille dans sa force: Aziz El Hajouji, maître des lieux, dirige ses collaborateurs, discute avec les clients et veille au bon fonctionnement des opérations. En bon commerçant de la vieille école, il sait pertinemment que, outre un produit de bonne qualité, le contact direct avec les clients, des éloges bien dosés et un bon accueil représentent la clef de la réussite. Et en parlant de réussite, Aziz El Hajouji, en connaît quelque chose. Son destin et celui de son unité de production sont une vraie success-story.

Né en 1955 à Fès, le jeune Aziz a toujours été fasciné par la beauté, la nouveauté ainsi que tout ce qui est fait avec goût et raffinement. Pour métier, il a choisi l'orfèvrerie. A l'âge de 12 ans, il atterrit à Casablanca où il ouvre sa première boutique, deux années plus tard à Bab Marrakech, au cœur de l'ancienne médina. «C'est là où j'ai fait mes premières armes dans le domaine et où je me suis familiarisé avec l'or, une matière qui m'a toujours séduite», indique El Hajouji.
Les premières années de Aziz dans le domaine ont été entièrement consacrées à l'apprentissage et au développement de ses connaissances en la matière. Son premier grand pas vers la réalisation de son chef-d'œuvre était la création, en 1988, de la marque «Passion», à travers laquelle il va réellement institutionnaliser son savoir-faire.

Jusqu'au-boutiste, Aziz El Hajouji, ne se contentera pas de «si peu». Le jeune homme a de l'ambition à en revendre et rien n'arrêtera sa marche vers la consécration. «Je me suis rendu compte que les vrais artisans sont de plus en plus rares et qu'il fallait sauver ce métier», explique-t-il. «J'ai effectué un grand nombre de voyage en quête de tout ce qui est à même de développer cet art ancestral et ainsi perpétuer le nom du Maroc parmi les grandes nations qui ont contribué à l'essor de ce métier», ajoute-t-il. Son ambition et ses idées novatrices vont le pousser jusqu'à même révolutionner la profession en créant en 1995 son entreprise Oro Mécanica, moyennant une enveloppe de 60 millions de DH. «Mon premier objectif était la formation, la formation et la formation», insiste El Hajouji.

De Bab Marrakech à Rafinity
En effet, les premières années étaient entièrement consacrées à la formation des jeunes. Des formateurs ont été invités d'Italie et d'Asie, pays célèbres par leur savoir-faire en la matière, pour rehausser le niveau des jeunes apprentis. «Quelque 400 jeunes ont été formés et pour la première fois, de jeunes filles font également partie des apprentis», s'enorgueillit El Hajouji. Pour donner une nouvelle impulsion à la formation, une école d'artisans joailliers a été créée en collaboration avec le secrétariat d'Etat chargé de la Formation professionnelle. «Les dépenses dans la formation étant considérables, une première augmentation du capital de l'ordre de 30 millions de DH s'est imposée en 2000», indique le créateur d'Oro Mécanica.

Après des débuts difficiles, l'unité a atteint sa vraie vitesse de croisière et les premiers fruits de ce travail de longue haleine, entamé par El Hajouji depuis 1969, date de l'ouverture de la première petite boutique de Bab Marrakech à l'ancienne médina, ont commencé à être récoltés. L'unité de production arrivait à tourner à plein régime et 400 autres jeunes apprentis joailliers ont été recrutés en 2002.
Mais, assoiffé de connaissances et de nouveautés comme il est, El Hajouji n'a pas réussi à se débarrasser de ces anciens démons. Dès que l'occasion se présente, il n'hésite pas à embarquer dans le premier avion afin de découvrir de nouveaux modèles. C'est ainsi qu'à partir de 2003, de nouveaux procédés technologiques de fabrication ont été importés et développés grâce au savoir-faire des artisans d'Oro Mécanica, dont les plus brillants suivent régulièrement des stages à l'étranger.

Actuellement, la société fait partie des meilleures usines d'orfèvrerie en Afrique. «Grâce à l'esprit innovateur de son créateur, notre unité de production est à la pointe de la technologie. Nous disposons des meilleurs procédés de fabrication», souligne Adil Benmakhlouf, responsable de communication à Oro Mécanica. Etalée sur une superficie de 20.000 m2, Oro Mécanica, qui emploie plus de 900 employés dont une cinquantaine d'handicapés, produit quelque 14 kilogrammes de bijoux en or par jour (soit 2,8 tonnes par an), couvrant ainsi entre 20 et 25% des besoins du pays en joaillerie.
Malgré le prestige de la matière première, l'ambiance à l'intérieur des ateliers est identique à n'importe quelle autre unité de production: fours, machines, travail à la chaîne et contrôle.

Les artisans, pour la plupart des jeunes, s'attellent au travail avec entrain. Certains formateurs sont «importés» d'Asie. «En compagnie de certains spécialistes rares comme les tailleurs de pierres, ces formateurs travaillent avec nous sous contrat. Dès que nos jeunes artisans arrivent à maîtriser ce savoir-faire, ces étrangers rentrent chez eux», explique Benmakhlouf.
Côté création, les ateliers de l'usine parviennent à concevoir, en moyenne, 24 nouveaux modèles par jour, faisant ainsi le bonheur des aficionados. Douze designers travaillent à plein temps pour créer des échantillons inédits.

«Notre matériel de travail est très sophistiqué. Ainsi, la plupart de nos modèles sont réalisés», indique cette jeune designer, lauréate de l'Ecole des beaux arts.
A présent, Oro Mécanica compte quelque 5.200 clients, toutes catégories confondues, à travers le Royaume. Sa nouvelle unité de production, qui sera fin prête à fin 2009, accroîtra sa capacité de production qui avoisinera les 30 kg par jour. La nouvelle usine, dont 70% de la production est destinée à l'export, donnera sans nul doute une autre dimension à cette success-story, bien de chez nous.
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Zéro déchets

Matière précieuse, l'or a droit à un traitement spécial, avant de finir autour du cou, des poignets ou accroché aux oreilles des plus belles femmes. Après sa réception sous forme de lingots d'or, la matière première est mélangée avec un alliage (notamment le bronze pour l'or jaune et l'argent pour l'or gris) et transformée soit en plaques, soit en fils d'or 18 caras.
La nouvelle matière passe ensuite par différentes étapes. Il s'agit de la préparation du modèle qui consiste à concrétiser les modèles accouchés sur papier par les designers. Le montage intervient juste après. Arrive le poinçonnage de la part des services des douanes, contre une taxe. «Toutes pièces pesant plus d'un gramme, doit être poinçonnée.

A Oro Mécanica, cette opération est effectuée chaque jour, matin et après-midi», explique un responsable. Retour à l'usine pour le sertissage. «Quand ce ne sont pas les diamants ou autres pierres précieuses qui sont utilisées, nous utilisons des pierres semi-précieuses», ajoute le responsable. Arrivent après la finition, le polissage et le contrôle de qualité. A Oro Mécanica, on ne badine pas avec la matière première. La moindre petite fraction coûte cher. Même la poussière est récupérée. A la sortie des ateliers, les artisans sont tenus de se laver les mains dans un lavabo réservé à cet usage. L'eau sale est récupérée, traitée et filtrée. C'est ainsi qu'une quantité considérable d'or, vouée aux égouts, est rattrapée.

1 commentaire:

  1. Effectivement , personnellement j'apprécie beaucoup les bijoux d'Oro Mécanica,j'ai déjà acquise ma bague d'alliance et c'est parfait ..

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